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Tout savoir sur l’indice de réparabilité Lecture : 5 min
En 2021, l’indice de réparabilité est devenu obligatoire en France pour les équipements électriques et électroniques avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Deux ans après, faisons le point sur cet outil.
Qu’est-ce que l’indice de réparabilité ?
Si vous vous êtes promené dans un magasin d’appareils électroniques ou électroménagers dans les deux dernières années, vous l’avez sûrement déjà aperçu. L’indice de réparabilité est une note de 1 à 10 attribuée à un produit en fonction de sa facilité à être réparé.
Le but est de permettre aux Français de choisir des produits plus réparables dans l’idée de préserver l’environnement. Objectif : passer de 40% de taux réparation pour les produits électriques et électroniques en panne à 60%1.
ÇA CONCERNE QUOI ?
Depuis 2022, l’indice de réparabilité s’applique à 9 catégories différentes d’objets :
DEPUIS JANVIER 2021 (DÉBUT)
- smartphone
- ordinateur portable
- téléviseur
- tondeuse à gazon électrique.
- lave-linge à hublot
DEPUIS NOVEMBRE 2022
- lave-linge à chargement par le dessus
- lave-vaisselle
- nettoyeur à haute pression
- aspirateur filaire, sans fil et robot
COMMENT ça MARCHE ?
La note est calculée en fonction de 5 grands critères, chacun comptant pour 20% de la note globale :
LES 5 CRITÈRES
1️⃣ la durée de disponibilité de la documentation technique
2️⃣ la démontabilité du produit et les outils nécessaires
3️⃣ la disponibilité des pièces détachées
4️⃣ le prix des pièces détachées.
5️⃣ un critère spécifique selon la catégorie de produit
Pour voir les sous-critères et les pondérations, voir la grille de notation officielle ci-dessous. Pour voir un exemple concret et un critère spécifique d’une catégorie de produits, consulter par exemple l’arrêté relatif aux critères des aspirateurs non filaires.
UN BON PREMIER pas
L’indice a le mérite de placer sur la table la réparabilité lors de l’achat, une première mondiale observée avec curiosité par nos voisins européens. Depuis son instauration, la majorité des Français en a pris connaissance et les trois-quarts des consommateurs ayant été confrontés à l’indice déclarent l’avoir trouvé utile dans leur choix d’achat, selon une étude portant sur plus de 1200 personnes2.
Quid de la démontabilité ?
Pour autant, la méthode de calcul est selon nous améliorable. La note finale de l’indice est la moyenne des critères. La démontabilité (crit. #2) ne pèse donc que pour un cinquième de la note, bien qu’elle soit essentielle pour accéder à l’intérieur de l’objet et effectuer la plupart des réparations. Les équipes de iFixit qui attribuent depuis longtemps leur propre indice de réparabilité aux smartphones et qui ont participé aux discussions sur l’indice français illustrent le problème à travers un modèle de téléphone : « Le Samsung Galaxy Note 20 avait écopé de 3 points sur 10 sur notre échelle de réparabilité : nous avions apprécié les vis non propriétaires et les composants modulaires, mais détesté la bataille contre l’adhésif pour l’ouvrir et la douloureuse procédure de réparation batterie et écran. Mais les critères français lui attribuent un 8,1 sur 103. »
4 méthodes de calcul alternatives pour mieux déterminer la réparabilité des produits
1️⃣ Différencier le poids attribué à chaque critère en donnant plus d’importance aux critères clés.
2️⃣ Introduire un mécanisme de seuil minimum pour certains critères. Si un des critères parmi les trois premiers est inférieur à 10 sur 20, le calcul de l’indice se fait sur 6 au lieu de 10.
3️⃣ Introduire une relation d’interdépendance entre certains critères. Si un des trois premiers critères est inférieur à 10 sur 20, la note des deux autres est réduite de moitié.
4️⃣ Réaliser une moyenne géométrique plutôt qu’arithmétique avec les 5 critères principaux. Ainsi, une note proche de zéro pour un des critères aura tendance à réduire fortement le score final de l’indice.
Solutions 1 2 3 proposées par l’association Halte à l’Obsolescence Programmée. Solution 4 proposée par Nicolas Roisin.4
Sur une note positive, on apprécie que l’indice de réparabilité (dans sa version la plus récente) intègre des mécanismes d’interdépendance entre les critères. Ainsi, une pièce détachée qui obtient une démontabilité (critère #2) de 0 obtiendra aussi 0 pour la disponibilité (critère #3) et 0 pour le prix (critère #4).
Les limites de l’autodéclaration
Le problème principal de l’indice est sans doute que la note est déterminée directement par les fabricants à la sortie du produit. Avec une quantité gargantuesque de modèles différents commercialisés chaque année et une bonne partie importés, il est difficile d’imaginer un autre système qu’un modèle autodéclaratif. La grille complète est donc remplie par les fabricants, mais elle n’a pas à être rendue publique (une grille synthétique suffit).
Forcément, on observe des abus. Une enquête de l’association Halte à l’Obsolescence Programmée a déterminé que les notes étaient surestimées par les fabricants (jusqu’à +1,5 points)5. De fait, même les fabricants réputés pour livrer des produits irréparables obtiennent des notes correctes. Sur plus de 200 modèles de machines à laver, aucun se situe sous 5/10 et la moyenne atteint non sans orgueil les 7,7 points6. Si vous avez déjà essayé de (faire) réparer une machine à laver, vous savez que cette note théorique diffère de la triste réalité. Parfois, la même note est carrément attribuée à tous les articles d’une marque indifféremment des particularités des produits selon une enquête sur 700 objets du doctorant Nicolas Roisin (UCL)7.
En somme
Pour conclure, l’indice de réparabilité est un grand pas vers un monde plus réparable. Il concerne toutes les entreprises commercialisant en France et il va donc inéluctablement bouleverser l’industrie mondiale. On remercie toutes les parties prenantes à son élaboration et on observe attentivement les évolutions de l’indice de réparabilité !
Néanmoins, il ne remplace en rien une recherche personnelle plus approfondie du produit. À titre personnel, on aime bien se fier à des vidéos de réparation ou de démontage (tear down) ainsi qu’au prix des pièces détachées sur internet pour juger de notre capacité à réparer un produit !
LA SUITE ?
L’indice de réparabilité deviendra (ironiquement) bientôt obsolète. Dès 2024, un nouvel indice fera son apparition en France : l’indice de durabilité. Il intégrera tous les critères de l’indice de réparabilité (sauf le critère spécifique), mais il prendra aussi en compte la fiabilité/robustesse des objets ainsi que dans une moindre mesure l’amélioration logicielle et matérielle8. Un pari encore plus ambitieux que l’indice de réparabilité actuel qui sera progressivement remplacé par l’indice de durabilité, à commencer par trois catégories d’objets : les téléviseurs, les smartphones et les lave-linges.
On lui souhaite un encore plus beau succès !
Notes & références :
- Service-public.fr : L’indice de réparabilité est étendu à de nouveaux produits à partir du 4 novembre 2022 | lien | ↩︎
- Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) : Un an après sa mise en application, quel premier bilan tirer de l’indice de réparabilité ? | rapport – anglais | synthèse de rapport – français | ↩︎
- iFixit : Pourquoi l’indice iFixit diffère de l’indice de réparabilité français | lien | ↩︎
- Nicolas Roisin : L’indice de réparabilité français au service de l’économie circulaire : analyse et critique | lien | ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Voir note n°2 ↩︎
- Voir note n°4 ↩︎
- Actualitésdudroit.fr : Indice De Durabilité : Le Cadre Réglementaire Bientôt Défini | lien |
HOP : L’indice de durabilité, une révolution prévue pour 2024 | lien | ↩︎
grille de notation officielle (synthétique)
Le
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